Après avoir vu le GP35 de Jef.ch, j'ai eu l'envie de présenter à nouveau mon propre GP 35, qui est unique en son genre.
A la base, il s'agissait d'un pistolet Browning GP 35 modèle compétition, de calibre 9mm Para. J'ignore l'année de fabrication. La carcasse est en acier (des modèles existent en alliage), il est équipé d'une hausse micro, d'une poignée Pachmayr enveloppante, et d'un levier de sécurité rallongé. Je soupconne également la détente d'être plus douce et plus légère que le modèle standard, après avoir eu d'autres GP35, je peux confirmer que la détente est particulièrement douce. Le chien est à crête, au lieu du rond percé.
J'ai enlevé la sécurité de chargeur, totalement obsolète, c'est peut-être une des causes de cette douceur de détente.
Lors des premiers essais à 50 mètres (le pistolet en état d'origine) cette arme était aussi précise qu'un Sig P210. La prise en main très agréable m'avait d'ailleurs permis de faire de meilleurs scores avec le GP 35.
Le hic c'est l'esthétique. Vous en conviendrez, la silhouette de l'engin est assez catastrophique, principalement à cause de cet hideux compensateur.
Voici comment était à l'origine ce GP35, franchement moche.
L'autre problème rencontré c'était une fiabilité nulle. L'arme s'enrayait à chaque coup, et lorsque l'on manipulait la culasse, elle restait à moitié bloquée en arrière. Etonnant pour une arme supposée neuve…
Après analyse de l'arme, j'ai trouvé une fissure en forme de virgule sur la culasse, près de la fenêtre d'éjection.
Cette arme étant quasi neuve, j'attribue cette fissure au tir de cartouches surchargées (son ancien proprio faisait du rechargement). J'ai vu ce défaut lors du premier tir, car outre les enrayements systématiques, après avoir mis de l'huile pour lubrifier, l'huile s'est mise à suinter par cette fissure L'autre signe visible d'une possible surpression était la portière qui sert à maintenir le percuteur en place, qui s'était fendue. Je pense que la surpression a fait gonfler la culasse jusqu'à rupture (le canon a tenu, je pense que l'acier n'est pas le même que celui utilisé pour la culasse), et a projeté le percuteur si violemment en arrière, que la portière s'est fendue en deux.
Ma première idée était de racheter un GP 35 standard à carcasse alu chez Lagaga, pour récupérer la culasse et le canon, et avoir ainsi à moindre frais un GP 35 tip-top. Mais comme j'aime me compliquer la vie, j'ai décidé de faire quelque chose moi-même.
La première chose que j'ai viré c'est le compensateur. Deux vis Allen et une rondelle filetée le maintenaient fixé sur le canon. Une fois loin, le canon dépassait largement de la culasse. Pas gênant pour le tir, mais encore plus hideux qu'avant.
Le premier problème technique à régler était la fissure. Plusieurs armuriers de la place m'ont soutenu qu'il était impossible de souder une culasse de manière durable. J'ai réussi à trouver un armurier belge qui m'a assuré le contraire, il s'est engagé à réparer la fissure par un procédé de soudure par micro fusion, je me rappelle plus trop la technique. Qu'à cela ne tienne, un permis d'export-import plus loin, la culasse est partie en Belgique pour réparation.
La culasse a donc été réparée là-bas, et passée sur le banc d'épreuve de Liège, lequel a délivré un certificat de conformité. C'est plutôt rassurant de savoir que cette pièce mobile a passé avec succès les épreuves et ne risque pas de venir nous fracasser les dents lors d'une casse. L'armurier m'a aussi offert gracieusement une portière de percuteur. Un personnage exceptionnel.
Voici une photo de la culasse avant-après.
Par contre, et je ne sais pas si les tolérances de ma carcasse acier sont plus strictes que la carcasse utilisée pour le banc, mais ainsi réparée, elle ne coulissait plus. Elle touchait la carcasse, sans doute à cause de la déformation subie lors de la soudure. J'ai passé un coup de Dremel, pardon, de Proxxon, aux endroits concernés, et enfin la culasse fonctionnait sans aucun défaut. Par contre, conséquence de la Proxxonisation, la finition était inégale et le bronzage disparu par endroits. J'ai néanmoins tiré 150 cartouches lors d'un essai, le tout sans aucun problème.
Ne restait plus qu'à régler le problème du guidon absent. En effet, le guidon se trouvait sur le compensateur. La culasse en était totalement dépourvue. Pour ce faire, j'ai laissé la culasse chez Daniel Roch, qui m'a monté un guidon Novak sur la culasse. Le guidon était de forme carrée, volontairement surdimensionné, afin de pouvoir adapter la hauteur sur diverses armes. J'ai réglé la hausse micro sur la moitié de la hauteur, et j'ai constaté une différence entre le point visé et le point touché d'environ 30 centimères à 25 mètres. Avec ces infos, DR a pu déduire combien de mm il fallait enlever, et a usiné la forme finale du guidon (voir photo)
J'ai profité aussi de lui demander une nouvelle finition, car la culasse étant microbillée d'origine, mon polissage faisait tache, et surtout le bronzage à froid avec l'eau bénite tranchait avec le reste. Ca faisait franchement bricolage. Après tout, je me suis dit qu'après tous ces frais, je pouvais bien me permettre d'avoir une arme à la finition impeccable. DR a fait une finition sablée et un bronzage noir du plus bel effet.
L'arme était presque finie, il me fallait juste un nouveau canon de taille standard, pour ne pas avoir ce canon qui dépassait de presque 30mm. J'ai donc acheté un canon GP 35 standard.
Voici l'arme telle qu'elle était jusqu'à il y a peu. Au stand c'est une merveille de précision et de confort, la hausse micro permet de régler finement la visée.
J'ai encore apporté deux modifications sur l'arme. Premièrement j'ai remplacé le levier de sécurité rallongé par un modèle militaire standard, plus sobre. Et pour finir le tout, je l'ai habillé d'une paire de superbes plaquettes en bois de rose.
Voila l'arme telle qu'elle est à ce jour. Plus grand chose à voir avec l'arme d'origine..
Le prix de revient final est légèrement supérieur au prix d'une occasion à carcasse acier de chez Lagaga, mais par contre l'arme est neuve, plus les options et accessoires.
Et surtout j'ai la fierté d'avoir mené le chantier moi-même, ne sous traitant que les choses les plus délicates (soudure culasse, microbillage, bronzage, et usinage de la queue d'aronde et du guidon) et faisant le reste moi-même…
C'est une arme unique !