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| Sujet: Marignan, 1515, la France, la Suisse, c'est quoi? Jeu 2 Fév 2006 - 8:29 | |
| Début du XVI s., "la France n'épargna aucun moyen de séduire les Suisses pour les engager à épouser ses intérêts et à répandre leur sang pour elle. Il est juste de dire en même temps que plusieurs des magistrats de la Suisse comprirent déjà alors combien ces habitudes et disons-le, mercenaires et ce service étranger et ces déductions étrangères pouvaient être fatales au pays et firent leur possible pour y mettre obstacle, mais il est impossible d'arrêter tout d'un coup ce qui a pénétré dans les moeurs et est devenu une habitude nationale. De leur côté, les ambassadeurs français n'épargnaient aucun moyen de séduction, les rois de France envoyaient en Suisse des personnages marquants qui étalaient un luxe et une prodigalité dont on n'avait eu aucune idée jusqu'alors dans ces montagnes... on a calculé que de 1480 à 1715 plus de 700'000 Suisses morts au service de la France... [en 1513] 10'000 Suisses dépourvus de toute artillerie et de toute cavalerie se jetèrent près de Novare sur une armée françaises de 20'000 hommes avec de la cavalerie et de l'artillerie et cela dans le but de gagner la bataille seuls, avant l'arrivée des renforts suisses qu'on leur avait annoncés. 2000 Suisses perdirent la vie, mais ils tuèrent 10'000 Français et l'armée suisse s'empara du camp français et de tout le matériel de leurs troupes...
... la France était loin de renoncer à ses projets sur l'Italie... Les Suisses se concentrèrent... ils durent bientôt reconnaître que l'Empereur, le Pape et le roi d'Aragon les avaient abandonnés... La France voulut profiter du dépit des Suisses pour arriver à conclure une convention avec eux; le projet fut même signé; Berne, Fribourg et Soleure quittèrent le camp et se remirent en marche pour leur pays. Les autres [à ma connaissance Uri, Schwyz et Unterwald] excités toujours par l'Evêque de Sion, persistèrent. Le roi de France était campé à Marignan à 10 milles de Milan et les Suisses étaient à Milan. Il restait 20'000 Suisses, le roi avait 40 à 50'000 hommes, une des plus belles armées qu'on eût vues en Italie, surtout par sa nombreuse cavalerie et sa superbe artillerie... On se battit avec un acharnement inouï; les ténèbres vinrent accroître l'horreur du carnage, on ne se distinguait plus amis et ennemis. Il fallut cependant arrêter momentanément l'effusion de sang; chacun garda sa place sur le champ de bataille; la confusion était grande, grande au point que l'histoire raconte que le roi de France qui avait couché sur le champ de bataille, appuyé contre une pièce de canon, s'aperçut le lendemain qu'il avait passé la nuit à 50 toises d'un bataillon suisse. Le jour suivant on recommença la bataille, les Français avaient déjà fait de grandes pertes, les Suisses aussi quand le seigneur Alvivano en amenant l'armée vénitienne en renfort à l'armée française décida du sort de la bataille. Les Suisses enveloppés de toutes parts par l'armée ennemie comprirent enfin que la victoire leur échappait, il se formèrent en colonne serrée, placèrent leurs blessés au centre, leur artillerie sur leur dos et de cette manière, à pas lents, lentement, fiers, ils commencèrent à se retirer sans que les Français osassent les poursuivre, et c'est ainsi qu'ils rentrèrent à Milan. 10'000 hommes étaient morts entre les deux partis; le vieux maréchal de Trivulce, qui avait assisté à 19 batailles rangées, s'écriait en parlant de Marignan: <<Celle-ci, c'est une bataille de géants>>. Le roi de France se rendit alors maître du duché (1516). La paix fut signée à Fribourg entre la Suisse et la France. A quelles conditions? Toutes les acquisitions des Suisses au-delà des Alpes furent maintenues et confirmées, même celles des Grisons; et le roi payait une grande somme et s'engageait à payer aux Cantons stipulants 200'000 livres de subsides. Et cela après la bataille de Marignan. C'était non une paix des vaincus, mais une paix des vainqueurs. Les Suisses avaient dans cette guerre joué le rôle principal, je dis principal, parce qu'ils s'étaient déclarés les protecteurs du duc de Milan et qu'ils s'étaient engagés à lui maintenir la possession de son duché. Dès ce moment ils ne jouèrent plus que le rôle d'auxiliaires, les uns au service de l'Empereur, les autres au service de la France, quoique la France et l'Empereur ne fussent pas en paix, mais en guerre..."- P. Rossi, Cours d'histoire suisse, p. 243ss [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | |
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